[Vidéo] Moins d'élus du personnel avec la fusion des CE, DP et CHSCT : les militants s'insurgent

[Vidéo] Moins d'élus du personnel avec la fusion des CE, DP et CHSCT : les militants s'insurgent

21.09.2017

Représentants du personnel

Les élus du personnel syndiqués qui ont manifesté jeudi 21 septembre à Paris contre les projets d'ordonnance redoutent que la fusion des institutions représentatives (IRP) n'entraîne une forte baisse du nombre d'élus du personnel et une moindre possibilité de défendre les salariés.

 

 

Certes, il y a eu les tracts, affiches et slogans cinglants, rageurs ou humoristiques ("Soyons l'étincelle qui met le feu à la poudre de perlimpinpin"), d'accord, il y a eu la diffusion, en pied de nez à Emmanuel Macron, de la chanson de Coluche : "Sois fainéant, sois fainéant, tu seras content, sois fainéant, sois fainéant, tu vivras longtemps..", mais l'ambiance était plutôt grave dans le cortège parisien qui s'est ébranlé de Montparnasse à la place d'Italie. Comme il y a une semaine, la CGT a fourni le gros des troupes avec Solidaires et la FSU, mais on a vu davantage de militants FO et CFE-CGC (les fédérations chimie CFE-CGC, CGT et FO appelaient à manifester ensemble), sans oublier quelques chasubles CFTC et UNSA et même un contingent CFDT, avec des militants de la métallurgie et du public.

Les syndicats du public craignent aussi pour leurs récents CHSCT

Marie, militante syndicale CFDT du public, expliquait sa présence en confiant que la situation poussait, selon elle, à l'union syndicale, peu important qui était à l'initiative du rassemblement. Lui faisait-on observer que le secteur public n'était pas concerné par les projets d'ordonnance ? "Ce qui est en train de se passer pour le privé va sûrement être étendu demain au secteur public. Nous venons à peine d'avoir des CHSCT dans la fonction publique mais vont-ils demeurer longtemps ?" Quant à l'argument de sa confédération sur l'inutilité des manifestations pour faire bouger les choses (les manifestations à répétition n'ont guère montré leur efficacité en 2016 contre la loi Travail), l'adhérente CFDT répond ceci : "Ce n'est pas faux, mais que faire ? Un syndicat ne peut pas simplement dire : "Nous sommes déçus" et attendre. Faute de mieux, il faut concentrer notre opposition, imaginer d'autres formes de risposte", répond la jeune femme. Et cette dernière de se montrer inquiète : "Si les syndicats ne font rien, s'ils ne canalisent pas cette colère, qu'est-ce qui peut se passer demain ? Il ne faudrait pas que ça dégénère dans la violence". D'autres manifestants espèrent, selon le mot désormais convenu, "une convergence des luttes" qui passerait par la fédération des mobilisations des chauffeurs et des étudiants...

Seulement 3 CE pour 15 000 salariés

De nombreux manifestants du privé, eux-mêmes élus du personnel, se disent convaincus de l'effet désastreux pour le fonctionnement de la représentation du personnel d'une fusion des instances, et de ses conséquences fâcheuses pour les salariés : moins de représentants, des élus éloignés des salariés, des questions de sécurité et de conditions de travail moins prises en compte (voir notre vidéo). C'est ce qu'expriment, par exemple, ces élus CGT de Compass, entreprise de restauration qui ne compte déjà que 3 CE pour la France entière, alors que la société emploie 15 000 personnes. Le responsable du syndicat CGT de l'entreprise craint non seulement un très gros affaiblissement de la représentation du personnel mais il prédit "une professionnalisation des mandats sur un tout petit nombre d'élus, des élus que l'employeur pourra être tenté de favoriser par des augmentations ou des promotionsl". Dans le secteur de la propreté, Youssef Haddad, qui est le trésorier FO du syndicat du secteur, dénonce lui-aussi la perspective d'une baisse du nombre d'élus et la disparition du CHSCT, alors que "nos métiers sont à risque", souligne-t-il.

Représentant CGT au CHSCT de Groupama (1 200 salariés), Philippe Delahaye liste les armes dont dispose son instance spécialisée, et qui comprennent notamment la possibilité de faire prendre entièrement en charge par l'employeur une expertise en cas de projet important modifiant les conditions de travail. Une menace qui risque de se retourner contre les élus, "le CSE devrant prendre en charge 20% du coût de cette expertise", s'indigne-t-il. Raison de plus, à ses yeux, de défendre des CHSCT d'entreprise. "Déjà qu'ils ont été mis à mal par l'instance de coordination des CHSCT créée par la loi Rebsamen", souligne l'élu...

 

La CGT appelle les autres confédérations à construire une journée d'action nationale

Hier soir, la CGT a dit vouloir s'adresser à toutes les confédérations syndicales "pour construire une nouvelle journée d'actions interprofessionnelles dans les meilleurs délais". Alors que le conseil des ministres doit adopter aujourd'hui les ordonnances, plusieurs actions syndicales sont prévues, sans oublier la manifestation politique de la France insoumise prévue samedi 23 septembre : manifestation des routiers le 25 septembre, des retraités le 28 septembre et le 10 octobre des fonctionnaires, à l'appel de tous les syndicats de la fonction publique.

 

 

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

Découvrir tous les contenus liés
Bernard Domergue
Vous aimerez aussi