Premières recommandations du HCTS sur la transition numérique

Premières recommandations du HCTS sur la transition numérique

13.07.2018

Action sociale

Le Haut conseil du travail social (HCTS), le 3 juillet, a adopté une position sur le numérique dans le travail social. Mettant fin à l’attentisme de ces dernières années, l'instance invite les travailleurs sociaux à prendre une part active au développement de la société numérique.

Tout vient à point à qui sait attendre. Le 3 juillet dernier, le Haut conseil du travail social (HCTS), réuni en séance plénière, a approuvé un texte d’orientation sur la transition numérique dans le travail social. Fruit d’un an de travaux d’une commission de 37 membres, cette première prise de position de la plus haute instance du travail social sur la question du numérique vient rompre un long silence après l’annulation surprise du plan numérique pour le travail social, promesse des Etats généraux du travail social de 2015, dont la réalisation avait été confiée au HCTS en lien avec l’agence du numérique et la direction générale de la cohésion sociale.

Dans un document d’une douzaine de pages de constats et de propositions (1) encore à paraître, le haut conseil prend acte des évolutions déjà induites par le numérique dans la société et se donne pour objectif d’« aider au positionnement » des intervenants sociaux « afin qu’il utilisent de manière raisonnée et réfléchie les technologies d’information et de communication (TIC) dans leurs pratiques quotidiennes, tout en restant vigilants aux questions légales, déontologiques et éthiques ».

Un appel à la mobilisation

Exit l’ambiguïté du travail social face au numérique, les professionnels sont invités à « prendre une part active dans les politiques publiques relatives au développement de la société numérique ». C’est le cas notamment avec la dématérialisation des administrations, vis-à-vis de laquelle « les travailleurs sociaux doivent rester mobilisés » pour lutter contre le non-recours aux droits qu’elle entraîne chez les personnes en difficulté. Il leur faut également composer avec ces nouveaux intervenants que sont les médiateurs numériques et « porter un enjeu de coordination en étant vigilants sur la qualité du processus de coopération ».

La même vigilance est demandée aux travailleurs sociaux sur  la palette d’outils numériques sans cesse en évolution à leur disposition, avec des applications métiers, des systèmes de communication ou des plateformes numériques interprofessionnelles. L’« automatisation » et la « standardisation » des procédures induites par ces dispositifs peuvent poser « des questions d’ordre juridique ainsi que des conflits éthiques », souligne le HCTS, qui appelle les professionnels et leurs organisations à s’impliquer dans leur conception et leur évaluation.

Action sociale

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Secret professionnel

De même, la facilitation des échanges apportée par les TIC ne saurait faire oublier le respect du secret professionnel, en particulier dans le cadre du partage informatique de données. Celui-ci « doit rester limité à la conduite des actions en recherchant l’accord des personnes concernées », bétonne le HCTS. Et de confier aux travailleurs sociaux la responsabilité de « s’assurer que l’utilisation des outils numériques leur permet de respecter leurs obligations légales », quitte à « alerter » lorsqu’ils constatent des dysfonctionnements.

Loi santé du 26 janvier 2016

Morceaux choisis d'un texte aux multiples facettes

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S’adapter aux attentes des populations

Le développement du numérique dans la société n’est pas non plus sans amener de nouvelles attentes des populations fragilisées, donc de nouvelles réponses nécessitant « une réflexion professionnelle partagée avec les personnes », observe le Haut conseil. Face à la e-administration, les personnes en difficulté demandent par exemple « à garder la possibilité de pouvoir rencontrer des professionnels et ne pas se retrouver seules face à un ordinateur pour leurs démarches ». Les travailleurs sociaux sont quant eux amenés à accompagner les usagers vers une autonomie devenue autant numérique que sociale. Ils doivent de plus se saisir des risques liés aux dérives de l’Internet : images, vidéos, phénomène de harcèlement, réseaux d’embrigadement sectaires, etc.

Propositions

Cette « évolution inéluctable des pratiques professionnelles » conduit le HCTS à dresser une série de propositions visant une refonte de l’organisation du travail social à plusieurs niveaux. D’une part, « dans les projets de service, avec une politique d’accompagnement au changement, l’association des personnes accompagnées et la mise en œuvre de moyens dédiés ». D’autre part, sur le plan des formations initiales comme continues, « avec des échanges d’expériences entre intervenants sociaux ainsi qu’avec les personnes qu’ils accompagnent ». Enfin, à l’échelle des territoires, avec « la mise en synergie des moyens, des ressources et des compétences via des communautés de pratiques, des groupes de travail et des échanges de formation ».

Une stratégie par étapes

Tourné en priorité vers les travailleurs sociaux de première ligne, les secrétaires médico-sociaux, ainsi que les acteurs de la médiation numérique, le texte d’orientation sera proposé sur le site web du HCTS après un ultime tour de table des organisations partenaires. Il sera progressivement complété par des fiches pratiques traitant des différentes facettes du numérique dans l’intervention sociale. La première, consacrée à l’articulation entre travail social, médiation sociale et médiation numérique a été soumise à l’avis du Haut conseil le 3 juillet. Elle devrait être suivie par des préconisations sur le cadre d’usage du numérique, l’accès aux droits, l’accompagnement social à l’ère du numérique et les plateformes numériques.

Une méthode plus informative que verticale, explique Didier Dubasque, coordinateur du groupe « numérique et travail social » du HCTS. « Nous avons essayé de définir les éléments-clés qui permettent aux travailleurs sociaux de mieux se positionner, sans forcément être directifs. Le numérique est devenu un phénomène suffisamment présent pour que les professionnels soient contraints de s’adapter, mais en même temps y mettent du sens dans l’intérêt de la personne accompagnée », assure-t-il.

 

(1) « Pourquoi et comment les travailleurs sociaux se saisissent des outils numériques ? », recommandations du groupe de travail « numérique et travail social » du HCTS

 

Tous les articles de notre série sur "le travail social à l'heure du numérique" sont rassemblés ici (lien à retrouver sur le site de tsa, dans la colonne de droite, rubrique "Dossiers").

Michel Paquet
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