[Vidéo] Les minima de branche jouent davantage sur les salaires que le Smic

[Vidéo] Les minima de branche jouent davantage sur les salaires que le Smic

06.07.2018

Représentants du personnel

Selon le bilan emplois et salaires de l'Insee pour 2017, la négociation collective, d'entreprise ou de branche, entraîne davantage de revalorisations salariales que la revalorisation du Smic. Dans le même temps, le chômage recule et le taux d'emploi progresse, tandis que de nombreux salariés souhaitent changer d'emploi pour de meilleures conditions de travail.

Minimas de branche et Smic : quels effets sur les salaires ? from Editions Législatives on Vimeo.

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

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Lors de sa présentation à la presse, mardi 3 juillet, de son ouvrage de référence sur l'année 2017, avec un bilan des évolutions en matière d'emploi, de chômage et des revenus du travail, l'Insee, désormais installée à Montrouge (Hauts-de-Seine), a fait un focus sur le rôle des accords collectifs sur la dynamique des salaires ainsi que celui produit par la hausse du Smic (► voir l'interview vidéo ci-dessus de Sébastien Roux, chef du département des études économiques de l'Insee).

Selon les calculs de l'institut national de la statistique, les revalorisations de salaires négociées dans l'entreprise et la branche contribuent à revaloriser les salaires bruts de base, cet effet se produisant immédiatement mais aussi pendant plusieurs trimestres, et ceci beaucoup plus fortement que pour une hausse du Smic. Comme le montre le schéma ci-dessous, la signature d'un accord d'entreprise entraîne en moyenne selon l'Insee une revalorisation de +0,30% des salaires de base; la signature d'un accord de branche sur les minima conventionnels entraîne une progression de +0,14% des salaires de base tandis qu'une augmentation de 1% du Smic ne produit qu'une hausse de +0,08% des salaires de base. "Lorsqu'un accord de salaire est signé dans une entreprise, souligne l'Insee, la probabilité d'un changement de salaire est supérieure de 11 points à celle observée en l'absence d'accord d'entreprise".

Insee

Plus précisément selon l'Insee, une hausse de 1% des minima conventionnels augmente les salaires individuels de 0,14%. Mais cet effet moyen cache des situations très disparates selon les branches. Ainsi, la hausse des salaires individuels peut atteindre près de 0,3% dans la branche "nettoyage, manutention, récupération et sécurité", dans la branche "bâtiments et travaux publics" ou encore "chimie et pharmacie". Cet effet est bien plus faible, de l'ordre de 0,05%, dans des branches comme "l'hôtellerie, la restauration et le tourisme", dans lesquelles le Smic a un rôle très important et où les évolutions de salaires individuels sont "moins dynamiques que dans d'autres branches".

Insee

Hausse de la productivité en 2017

A noter que, selon l'institut, le salaire moyen par personne a progressé en 2017 dans le privé (+1,7%)/ Mais du fait de la reprise de l'inflation (+1,3% en 2017), le gain réel est limité pour les salariés et s'élève à +0,5%. Quant au coût du travail, il a progressé de 1,1% en 2017, une évolution à comparer au rythme annuel moyen de 3% de 2010 à 2012, mais aussi à la valeur ajoutée des branches marchandes, qui augmente de 3,3% l'an dernier, soit plus rapidement que l'emploi (+2%). Autrement dit, "la productivité par tête a progressé de 1,5%", soit une hausse plus forte que les gains de productivité enregistrés depuis 5 dernièresa nnées (+0,8% en moyenne de fin 2011 à 2016).

De nombreux salariés veulent changer d'emploi pour améliorer leurs conditions de travail

Dans son bilan, l'Insee fait aussi un point sur l'emploi et le chômage. Fin 2017, 27,8 millions de personnes sont en emploi en France, soit un taux d'activité des 15-64 ans de 71,5%, le taux d'activité des 50-64 ans atteignant 66,3% (+1,1 point par rapport à 2016), un record pour l'emploi des seniors depuis que la mesure est faite, souligne l'institut. En un an, 340 000 nouveaux emplois ont été créés, ce qui représente la plus forte hausse depuis 2007. Le taux de chômage s'établit à 9,4% de la population active (9,5% pour les hommes et 9,3% pour les femmes), soit la plus forte baisse annuelle enregistrée depuis 2008, le chômage atteignant son plus bas niveau depuis 2012.

Mais le plus frappant, derrière cette dynamique retrouvée du marché de l'emploi, c'est le constat fait par l'Insee d'un souhait de changement professionnel de la part des salariés. En 2017, 2,3 millions de personnes, soit 17,8% de salariés en CDD et 7,8% en CDI, aspirent à changer d'emploi. Plus d'une personne sur quatre désirant un autre emploi veut d'abord avoir de meilleures conditions de travail, "ou un emploi plus adapté à ses contraintes personnelles (travail moins pénible, horaires plus adaptés, mions de temps de transport, meilleure ambiance de travail, etc.)", cette raison étant avancée plus souvent par les femmes et les salariés plus âgés que par les autres. Moins d'un quart des personnes aspirant à changer d'emploi souhaitent le faire d'abord pour voir leur rémunération augmenter, et c'est d'abord le cas des catégories les moins rémunérées, comme les ouvriers (10,7% d'entre eux disent vouloir changer d'emploi) et les employés (10,5%). Une personne sur six veut changer pour trouver un emploi plus intéressant et une sur cinq souhaite surtout anticiper une situation difficile, en obtenant un emploi plus stable qu'un CDD ou une situation jugée précaire. Des différences que l'on retrouver dans le schéma ci-dessous.

Insee

Reste que si le souhait de mobilité est là, il se concrétise peu. Seuls quatre actifs sur dix désirant bouger cherchent activement un autre emploi. La moitié de ceux qui veulent bouger mais qui n'ont pas cherché disent ne pas avoir eu le temps de le faire. Et en pratique, seuls 9% de ceux qui aspirent à un autre emploi en trouvent effectivement un autre lors du trimestre suivant.  Autrement dit, moins d'un actif occupé sur dix qui souhaite bouger a trouvé un autre emploi trois mois plus tard. Les réformes menées par l'Exécutif sur le code du travail, l'assurance chômage (avec un nouveau cas de démission indemnisée en cas de projet) et la formation professionnelle, et qui visent selon Emmanuel Macron à favoriser la mobilité sociale et professionnelle, changeront-elles la donne en incitant les salariés à bouger ? Réponse dans les mois et les années qui viennent...

 

Bernard Domergue
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